Menu
Libération

Le chemin des drames

Article réservé aux abonnés
Portraits, Cannes 2012dossier
Joachim Lafosse Réalisateur belge de «à perdre la raison»
Joachim Lafosse, réalisateur de "A perdre la raison" Cannes 2012 (Fotoware)
publié le 22 mai 2012 à 20h36

Février 2007. Joachim Lafosse est au volant de sa voiture. A la radio, il entend le récit d’un fait divers : une femme a tué ses cinq enfants, âgés de 4 à 14 ans. Il est saisi par l’effroi. Le sentiment dure plusieurs jours, jusqu’à ce qu’il se mette à écrire. Un scénario qui interrompt ses autres projets.

Il a l'impression qu'avec cette histoire - une femme en dépression, épuisée par l'infernal ménage à trois qu'elle vit avec son mari et le protecteur de celui-ci - il va pouvoir «sortir du manichéisme. Montrer que des personnes victimes peuvent être aussi un peu responsables». Le réalisateur belge de 37 ans y voit l'occasion de réfléchir aux thèmes qui lui tiennent à cœur. La question des limites dans le huis-clos familial, déjà présente dans ses quatre précédents longs métrages. Celle du non-choix «qui mène à la tragédie», celle de la dépression maternelle. «Ma grand-mère a eu quatre enfants. Après la naissance du quatrième, mon père, elle a fait une dépression. Elle n'a pas pu s'occuper de lui.»

Mai 2012. A perdre la raison, présenté hier dans la sélection Un certain regard, est sur le point de sortir en Belgique. Et Lafosse fait l'objet d'un procès d'intention qui le désole. On l'accuse, sans avoir vu son film, de «voyeurisme». «En Belgique, il y a une forme de populisme qui s'empare des faits divers comme un support au repli, au refus de la complexité.» Les tentatives inverses réveillent «d'énormes angoisses».

Rendre le