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Portrait

De la rage dans l’air

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Ken Burns, réalisateur américain de «The Central Park Five»

(Roberto Frankenberg)
Publié le 23/05/2012 à 21h16

C'était en 1971, son premier cours sur le cinéma à l'université. Question du prof : «A quoi servent les films ?» Il lève le doigt : «A pousser les gens à agir.» Quarante et un ans plus tard, Ken Burns, 60 ans, est devenu le plus célèbre auteur de documentaires américains, respecté pour ses formidables fresques sur l'histoire des Etats-Unis, The Civil War (8 heures) sur la guerre de Sécession, The War (14 h 30), sur la Deuxième Guerre mondiale, deux énormes succès d'audience. Son souvenir d'étudiant le fait sourire : «Ils m'ont pris pour un romantique désespéré.» Mais il n'a pas changé d'avis.

L'Américain présente aujourd'hui à Cannes, en sélection officielle hors compétition, The Central Park Five, réalisé avec sa fille et son gendre. Un documentaire sur cinq adolescents noirs new-yorkais, arrêtés et condamnés pour viol et violences sur une joggeuse wasp de Central Park. C'était en 1989, ils étaient innocents. La justice a mis treize ans à le reconnaître. En valorisant des extraits bruts de leurs gardes à vue, Burns montre que leur innocence sautait aux yeux. Les enfants, hagards, avouent après vingt-huit heures d'interrogatoire non-stop, sans parents ni avocat. Leurs propos incohérents sont incompatibles avec les faits. «Les policiers, le procureur, les médias, tout le monde avait décidé qu'ils étaient coupables, car ils étaient un symbole, celui de la "bête noire" comme l'a titré un journal, raconte Burns, conva