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Critique

Diamant neuf Carax

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Les critiques du Festival de Cannes 2012dossier
Avec «Holy Motors», le cinéaste signe un retour éblouissant au cinéma, seul objet de son obsession.
publié le 23 mai 2012 à 21h17
(mis à jour le 24 mai 2012 à 13h05)

La seule chose fiable et sensée que l'on puisse dire à propos de Holy Motors, c'est qu'il vaut mieux n'en rien savoir avant de l'avoir vu. C'est pourquoi cet article s'arrête ici. Nan, c'est une (mauvaise) blague. Mais il y aurait du panache à s'en aller répétant : «C'est magnifique !» et basta, certain que chacun saura voir tout seul et très bien ce qui crève les yeux. Surtout, cela nous débarrasserait d'un objectif indécent : la formule critique reste à inventer qui saurait dire d'une même langue l'envers et l'endroit de ce film, sa surface et son intimité, son objet et son sujet, à la fois la plus extraordinaire affirmation de l'art cinéma réalisée depuis longtemps et le plus émouvant, le plus tendre, féroce, drôle, beau et complet des portraits humains qu'un film puisse nous offrir. Que ce portrait soit autant un miroir pour nous qu'un autoportrait pour Carax n'est pas le moindre de ses aveuglants mystères.

Cet humain s'appelle monsieur Oscar. Il est acteur mais d'un type nouveau, qui préfigure un monde très proche : il joue en l'absence de caméras. Ce matin-là, tandis qu'il se cale à l'arrière de sa longue limousine, son chauffeur, Céline (Edith Scob, grandiose), lui présente son planning : neuf «rendez-vous», c'est-à-dire autant de rôles à enchaîner jusqu'à la nuit. Le premier personnage est celui d'un businessman arrogant et, d'ailleurs, le tournage de ce premier rendez-vous a déjà commencé… Tout Holy Motors s'enchaînera ainsi, déroulant son