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Impasse

«Sur la route», le festin nul

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Les critiques du Festival de Cannes 2012dossier
Cette grosse production de Salles est à des kilomètres de l’œuvre de Kerouac.
«Sur la Route» de Walter Salles (DR)
publié le 23 mai 2012 à 21h17

On ne peut pas tout à fait exclure que quelqu'un, un jour, réussira une magistrale adaptation cinématographique de Sur la route. On peut s'interroger sur cette curieuse obsession dont fait l'objet le roman de Kerouac depuis plus de quarante ans et sur laquelle des tas de gens qui ne doutent pas d'eux-mêmes se sont cassé les dents, Francis Ford Coppola en tête, propriétaire des droits. Un enjeu qui confine généralement à l'absurde, comme si un roman ne se suffisait pas à lui-même et qu'il ait nécessairement à en passer par la case cinéma pour accéder enfin à une légitime postérité. C'est d'autant plus vrai pour Sur la route, sans doute l'objet littéraire qui a le plus infusé dans le cinéma, marquant au fer rouge au moins trois générations de cinéastes.

Impuissance. Toujours est-il que ce n'est pas pour ce coup-là. Et pas qu'un peu. Le film manifeste si peu d'ambition que l'on ne peut même pas blâmer le pauvre Walter Salles dont les précédentes productions sont à des kilomètres de ce naufrage absolu. Plus de deux heures durant, le film bute inexorablement sur sa propre impuissance à transcrire une once de ce que peut suggérer le roman. Pas une seule fois il ne s'approche de sa matière, s'en tenant à une reconstitution méticuleuse de faits, comme si la source de cette triste reconstitution avait été un rapport de gendarmerie. Le film, d'une platitude de mort cérébrale, ne suscite jamais le moindre souffle, le moindre désir, à part celui, impéri