Lorsque Ben Wheatley a grimpé sur l'estrade de la salle de la Quinzaine des réalisateurs, plus d'un spectateur a eu la confuse réminiscence d'apercevoir un lointain cousin de Peter Jackson à l'époque de son Bad Taste (1987). Hirsute, barbu, enveloppé (non, en fait, gros), un costard arraché à une friperie, le réalisateur anglais eut l'entrée en matière la plus drôle du Festival : «Thanks for coming. Enjoy.» Et c'en était terminé des remerciements rituels. Pour les auteurs, acteurs, producteurs, parents proches et éloignés, ce sera pour la prochaine fois.
K-Way. Le film a lui aussi quelques airs de famille avec ce cinéma gore et potache, notamment un mauvais goût tout à fait exemplaire de bout en bout, mais, à la différence de Jackson, une ambition de cinéaste qui dépasse le cadre qu'il s'est imposé, en l'occurrence un scénario cruel et bien plus subtil qu'il en a l'air. Le scénario, justement, montre que tout cela est l'affaire d'une petite famille. Il a été cosigné par les deux acteurs principaux du film, Steve Oram (Chris), un barbu rouquin dont l'allure et le regard suintent le vieux garçon obsessionnel, et Alice Lowe (Tina), sa fiancée du film, brunette habillée comme un sac qui vit avec une mère hypocondriaque ainsi qu'avec le remords d'avoir provoqué la mort atroce de Poppy, le chien adoré du foyer détraqué. Le clébard s'est empalé sur les aiguilles à tricoter qu'avait laissé traîner la pauvre fille.
Pour ces deux-là, dont on devine san