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Critique

«Post Tenebras Lux», faut pas pousser mémé dans l’arty

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Orgueil . Reygadas se caricature dans un film ennuyeux à souhait.
publié le 24 mai 2012 à 22h16

Découvert en 2002 avec son premier long métrage, Japón, le Mexicain Carlos Reygadas n'a cessé depuis d'être célébré par le Festival de Cannes, qui lui réserve sa place au chaud en compétition (Bataille dans le ciel en 2005 puis Lumière silencieuse en 2007). Reygadas a de l'ambition : il veut être à la fois Terrence Malick, Apichatpong Weerasethakul, Bruno Dumont, Lars von Trier et Alexandr Sokurov… C'est le cinéaste en docteur Frankenstein fabriquant sa créature avec des bouts de cadavres récupérés dans les frigos du formalisme jungien. La couveuse cannoise libère le monstre à point pour qu'il fasse des moulinets arty avec ses grands bras chargés de signifiants opaques devant un public de pingouins probablement médusés.

Extase. Dans la séquence d'ouverture, Rut Reygadas, la fille du cinéaste, vaticine dans un champ où galopent chiens, vaches, chevaux. Le crépuscule tombe, puis vient l'orage dans la nuit somptueuse zébrée d'éclairs. Cut. Dans une maison, un diable rouge en dessin animé sort d'une pièce, un attaché-case (ou une boîte à outil) à la main, le sexe pendouillant en évidence entre les jambes. Ensuite, un type coupe des arbres, puis Juan, le mec qui doit être plus ou moins l'alter ego de Reygadas, tabasse une pauvre chienne à mort. Juan et sa femme, Natalia, vont à la plage, pique-niquent, et on les retrouve on ne sait où mais au moins sept ans plus tard au cours d'un dîner bourgeois où il est question du Guerre et Paix<