La voix grave et rêche de vieux fumeur fait sursauter. On lève les yeux. Oui, c’est bien ce jeune garçon tout frais, rasé de près, en costume gris BCBG qui vient de parler. Sam Riley, 32 ans, acteur anglais né à Leeds, a plusieurs vies, ou plusieurs personnalités. En tout cas une épaisseur que l’on ne retrouve pas chez tous les jolis garçons susceptibles de motiver l’achat d’un billet de cinéma.
Révélé en 2007 par Control, d'Anton Corbijn, il est à Cannes pour Sur la route, de Walter Salles, un film dont il est la meilleure part, le seul que l'on retienne au milieu d'un casting pourtant voulu clinquant (Kristen Stewart, Kirsten Dunst, Viggo Mortensen). Dans cette adaptation du roman de Jack Kerouac, il incarne Sal Paradise, le double fictif de l'écrivain.
«Beatnik». Lui n'avait pas lu le livre et, au lieu de répondre «oui, bien sûr, je l'avais lu et je l'avais adoré» pour qu'on lui fiche la paix, il s'embrouille dans une justification touchante : «Pourtant, j'ai lu des livres. Beaucoup. Enfin, un peu. Celui-là, non. Mais j'ai des amis qui l'avaient lu.» Quand il l'a ouvert, donc, c'était sachant qu'il allait en interpréter le rôle principal. «Toutes les cinq minutes, je me disais : "Fuck, comment je vais faire ça !"» Ensuite, il a regardé un documentaire où Johnny Depp expliquait qu'il n'aurait jamais pu jouer ce rôle, charg