«Poussée par le besoin de débouchés toujours nouveaux, la bourgeoisie envahit le globe entier. Il lui faut s'implanter partout, exploiter partout, établir partout des relations. Par l'exploitation du marché mondial, la bourgeoisie donne un caractère cosmopolite à la production et à la consommation de tous les pays. Au grand désespoir des réactionnaires, elle a enlevé à l'industrie sa base nationale.» Qui a écrit ces quelques lignes où il suffit de transformer le mot bourgeoisie par capitalisme pour qu'elles soient absolument d'actualité ? Karl Marx et Friedrich Engels dans le Manifeste du parti communiste (1848). Cronenberg a-t-il réalisé un film marxiste ? Il le suggère, citant lui-même (in dossier de presse) la première phrase dudit manifeste : «Un spectre hante le monde…»
Éponge. Ce qui est régalant, c'est que Cosmopolis, en regard du roman éponyme de Don DeLillo qui l'a inspiré, ouvre la même faille spatiotemporelle : le livre de DeLillo était visionnaire, le film de Cronenberg, d'actualité. Vingt-quatre heures dans la vie d'un spectre hantant le monde, incarné par un jeune homme fantomatique, qui, autre effet de vertige, fut vampire dans une autre vie de cinéma : Robert Pattinson (lire page 20) de chez Twilight et désormais made in Cronenberg. Transfert hautement réussi.
Pourtant, comme on dit, son rôle est écrasant puisqu’il est de tous les plans et que le récit est accroché à la bou