Menu
Libération
Critique

La rebelle et les Renoir

Article réservé aux abonnés
Les critiques du Festival de Cannes 2012dossier
Un moment dans la vie d’Auguste et Jean.
publié le 25 mai 2012 à 20h36

Si ce film portait un titre anglais, il s'appellerait Renoirs, la langue de Shakespeare et de Sid Vicious ne se gênant pas pour mettre un pluriel aux noms propres lorsqu'on parle d'une famille. Car l'objet de Renoir, en français dans le titre, est justement d'évoquer un moment de la vie des deux Renoir qui ont rendu ce patronyme célèbre : Auguste et Jean, le peintre vieillissant et son jeune fils pas encore cinéaste.

Le film se situe en Provence, en 1915, juste après la mort de l’épouse du vieux maître impressionniste et au moment où Jean, blessé, revient du front pour une convalescence. Le film ne quittera pas cette maison de famille chaleureuse, enveloppée de nature, où les femmes domestiques s’activent du matin au soir pour rendre moins douloureuses les dernières saisons d’Auguste et ne pas trop penser à la guerre épouvantable et lointaine qui les prive d’hommes, pour les leur rendre morts ou éclopés.

Au cœur du film se déploie aussi un motif : la rousse et voluptueuse Andrée, une belle fille du coin qu’Auguste vient d’embaucher comme modèle et qu’il ne se lasse pas de peindre. Si le père transcende la beauté d’Andrée en peinture, le fils cristallise plus charnellement sur l’irrésistible nymphette : elle deviendra d’ailleurs la première compagne de Jean Renoir, accompagnant ses débuts dans la mise en scène.

L’argument du film de Gilles Bourdos est à la fois passionnant et délicat, et il parvient souvent, par la seule grâce de sa mise en scène, à lui donner une force