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Libération
Critique

Les paumés de la Pomme

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Les critiques du Festival de Cannes 2012dossier
L’improbable entreprise d’un petit couple à New York.
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publié le 25 mai 2012 à 21h36

Pour bien saisir les enjeux du premier film d'Adam Leon, mieux vaut au préalable se familiariser avec le folklore new-yorkais car il n'est question que cela dans Gimme the Loot. La ville compte deux clubs de base-ball, les antiques et vénérés Yankees dont le logo orne la casquette des adolescents de la moitié de la planète, et les Mets, le club du Queens, objet de dérision locale au palmarès maigrelet. C'est important car les deux jeunes héros du film, Malcolm et Sophia, projettent de réaliser un graffiti qui leur permettra de devenir des légendes. Ils veulent s'introduire dans le stade des Mets et inscrire leur signature sur une gigantesque et grotesque pomme de plastique qui trône sur le terrain, de sorte que tout le pays puisse voir leur œuvre à la télévision. Léger problème, pour parvenir à ce graal, ils doivent soudoyer un garde et, donc, trouver500 dollars alors qu'ils sont fauchés, maladroits et malchanceux.

Tout le film suit donc les déambulations, plutôt drôles, du petit couple pour réunir cet argent. Un chemin de croix semé de petites arnaques misérables, d'une kyrielle de personnages de la rue - glandeurs, dealers, grapheurs, traficoteurs en tous genres - et d'une poignée de bourges du sud de Manhattan remarquablement antipathiques. L'objet de Gimme the Loot tient donc en un portrait parcellaire d'un New York tel qu'on le croyait plus ou moins disparu. Celui d'un peuple de la débrouille et du dérisoire, dans le cadre dépressif des quartiers prolos