Menu
Libération

«Amour», la palme à mort

Article réservé aux abonnés
En récompensant des cinéastes déjà primés à Cannes, à l’image de Michael Haneke, le jury n’a fait que confirmer des valeurs sûres, laissant de côté des films risqués mais peut-être plus audacieux.
Michael Haneke et ses acteurs Emmanuelle Riva et Jean-Louis Trintignant après avoir reçu la Palme d'Or pour «Amour». (REUTERS)
publié le 27 mai 2012 à 23h06
(mis à jour le 28 mai 2012 à 9h56)

Le palmarès de la compétition étant désormais, par la grâce des réseaux sociaux et des textos, aussi téléphoné que les scores de la présidentielle, tout festivalier doté d'un smartphone détenait les noms des gagnants dans le désordre dès son réveil avec la gueule de bois, le dimanche matin, 16 heures. Sans identifier déjà l'heureux palmé, cette short-list hurlait une absence totale au palmarès : celle de Holy Motors, de Leos Carax, l'un des sommets de la sélection donné gagnant par la majorité des critiques français. C'était prêter au chef d'orchestre Nanni Moretti le dessein très perso de ne pas primer, avec Michael Haneke, Ken Loach, Cristian Mungiu ou Abbas Kiarostami, un cinéaste déjà palmipède comme lui - et d'en faire ainsi un nouveau membre du club de moins en moins fermé des réalisateurs deux fois palmés.

Académisme. Pronostic déjoué : trois ans après le Ruban blanc, Michael Haneke emporte à nouveau, avec Amour, la récompense suprême ; Cristian Mungiu repart avec deux prix, dont un compte double (scénario et interprétation féminine pour Cosmina Stratan et Cristina Flutur), et Ken Loach, 17 sélections et déjà une foison de médailles à son compteur, extatique sur scène à l'idée de récupérer le petit prix du jury - censé récompenser, selon la remettante Laura Morante, «un jeune cinéaste dont cette récompense va modifier la vie», bien vu ! Cela sans compter que Matteo Garrone, gratifié d'un grand prix du jury p