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Libération
Interview

«Réalisé par un homme, un film sur le harcèlement sexuel a plus de poids »

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Révolte. Avec «les Femmes du bus 678», le réalisateur égyptien Mohamed Diab s’attaque à un tabou, amplifié dans son pays par la vigueur de la tradition :
publié le 29 mai 2012 à 20h16

Les femmes du bus 678 est le premier long métrage de Mohamed Diab, banquier reconverti à l'écriture de scénario. Activiste notoire de la place Tahrir, le jeune homme fait désormais partie des figures importantes du cinéma égyptien contemporain (lire critique ci-contre).

Après l’écriture de quatre blockbusters, comment est née l’idée de ce scénario ?

En 2008, il y a eu le procès de cette fille qui portait plainte pour harcèlement sexuel. C’était le premier de ce genre en Egypte. Je suis allé au tribunal, et j’ai vu ce qui se passait, les avocats et le public se moquaient délibérément des filles. En tant qu’homme, je me suis senti coupable. Artistiquement, c’était aussi un challenge de parler à la place des femmes. C’est horrible à dire, mais un homme qui réalise un film sur le harcèlement sexuel, ça a plus de poids et ça en devient déclaratif.

Quelles ont été les principales difficultés ?

Le premier problème a été le casting : la plupart des vedettes refusaient de tourner dans un film qui parlait de harcèlement sexuel. Ensuite, pour recueillir des témoignages : 90% des femmes qui ont connu ce genre de situation n’osent pas en parler, même pas à leurs amies. Cela m’a pris beaucoup de temps. J’ai découvert que de nombreuses femmes très proches de moi en avaient été victimes. Et puis il y a eu le jour où l’une des actrices s’est fait aggresser par des supporteurs à la sortie d’un stade. Nous avions décidé de tourner une scène dans la rue, le jour d’un gros match. Le mari de l’actrice