L'ambiguïté propre aux films d'animation répondant au format de Madagascar 3 est qu'ils souhaitent ardemment ne jamais être pris au sérieux. Ils souhaitent tout autant être admirés, bien sûr, mais uniquement sous l'angle qui leur convient, celui d'un divertissement mainstream et d'excellente facture, qui remplit tous les termes d'un contrat sous-jacent (dont les deux premiers articles vont plaire aux enfants et faire rire les adultes) auquel on ajoute la promesse d'un piment personnel. Ils ne veulent pas être jugés pour ce qu'ils sont aussi : de brillants produits, qui témoignent d'une ingénierie infiniment subtile, mais plus précaire qu'on ne l'imagine et dont les équilibres sont périlleux. Madagascar 3 est un excellent exemple de cette schizophrénie devenue inhérente au dessin animé post-Disney mais de type hollywoodien, dont Pixar a en quelque sorte forgé le modèle. Et c'est un exemple réussi.
Le studio DreamWorks a mis du temps à trouver le bon positionnement pour cette licence, qui s’améliore et s’émancipe à chaque volet. Il semble qu’avec celui-ci, la formule soit au point. La première option choisie par les trois réalisateurs - Eric Darnell, Tom McGrath et Conrad Vernon - saute aux yeux et a tôt fait de coller chacun à son fauteuil : une vitesse effrontée du récit, véritable boulet de canon d’où les actions et événements jaillissent sans répit, empêchant d’un même geste les plus jeunes de décrocher et les plus âgés de réfléchir.
Transe