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Libération
Critique

Depardon accordé

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Du Biafra à Nevers, le photographe et sa compagne interrogent une vie d’aventures en images.
publié le 12 juin 2012 à 19h09
(mis à jour le 13 juin 2012 à 9h35)

En photographiant François Hollande pour sa plus officielle représentation iconographique, Raymond Depardon a encore posé un jalon surprenant dans sa riche biographie. Journal de France, projet cosigné avec Claudine Nougaret, sa compagne et preneuse de son, conjugue le montage d'archives accumulées au fil du temps et la relation des pérégrinations au long cours de Depardon au volant de sa camionnette pour dresser le portrait (à la chambre) d'une France des sous-préfectures.

Bar-tabac. L'écart est pour ainsi dire maximum ici entre le bruit et la fureur de l'histoire retraversée via les lambeaux de films arrachés aux malles du souvenir du reporter risque-tout et l'immobilité silencieuse des petites places à bar-tabac de Nevers ou d'ailleurs, peuplées quasi exclusivement de retraités. Comme le film navigue entre ces deux pôles si violemment dissemblables dans leur intensité, on voit que quelque chose n'est toujours pas résolu du rapport du photographe-cinéaste à ce pays, le sien, qu'il avoue d'ailleurs fort mal connaître pour l'avoir peu visité : «Je connais mieux Djibouti que la Meuse.» Quand, en 1995, il publie la Ferme du Garet, retour sur le lieu de son enfance, il déclarait (aux Inrocks) : «Ma famille est une famille de paysans. Quand j'ai commencé à prendre ces vues, je me suis tout à coup rendu compte que je n'avais jamais vraiment photographié la campagne. Et dès lors que mes parents étaient morts, il ne me restait