La première image ?
Une maison bleue. Elle est bleue le jour et dans l’obscurité totale la nuit. Aucun avion ni patrouille n’est capable de repérer notre maison.
Le film (ou la séquence) qui a traumatisé votre enfance ?
C’est une scène de série télé que j’aimais regarder avec mon père. On y voyait le Prophète représenté par une pancarte. Cela me choquait, je ne comprenais pas pourquoi une telle grâce ne pouvait pas être représentée.
Le film que vos parents vous ont empêché de voir ?
Nous n’avions pas de cinéma, nous ne regardions que la télévision, et il n’y avait pas vraiment d’interdiction.
Une scène fétiche ou qui vous hante ?
Ce n’est pas du cinéma. Ce sont trois cercueils, deux grands et un petit au milieu, relevés au milieu d’une foule qui remplit la place de mon village. J’entends les chants et les pleurs des femmes endeuillées et la voix de ma grand-mère qui appelle son fils. Je me tiens debout en attendant qu’ils s’approchent de moi. J’ai envie de voir mon oncle, sa femme et leur fille que je ne verrai plus. Mes larmes restent suspendues à mes yeux.
Vous dirigez un remake ? Lequel ?
Je referais ma vie d’enfant.
Le film que vous avez le plus vu (à la télé ou en salles) ?
Salo ou les 120 journées de Sodome, de Pier Paolo Pasolini.
La bande originale qui vous trotte dans la tête ?
In the Death Car, d'Iggy Pop, dans Arizona Dream, d'Emir Kusturica.
Qu’est-ce qui vous fait rire ?
Ce qui n’est pas censé me faire rire et me surprend.
Un film dans lequel il ferait bon vivre ?
Je n’ai pas de réponse.
Un rêve qui pourrait être un début de scénario ?
Ma grand-mère debout, toute nue dans un camion en verre. De l’eau coule sur les vitres et arrose son corps. Le camion s’éloigne, elle me supplie de la suivre, mais je reste plantée là.
Votre vie devient un biopic. Qui dans votre rôle ? Et qui derrière la caméra ?
Ça n’arrivera jamais, ce n’est pas pour moi.
Le cinéaste absolu à vos yeux ?
Pier Paolo Pasolini.
Le monstre ou le psychopathe de cinéma dont vous vous sentez le plus proche ?
L’actrice Anna Magnani.
L’actrice que vous auriez aimé être ?
J’ai du mal à m’imaginer en quelqu’un d’autre. Je préfère rester un