Il semble loin le temps d’Oum Kalthoum, de Farid el-Atrache ou même de Youssef Chahine. Ce temps où, de mélodrames en comédies musicales, de films réalistes en grandes épopées nationalistes, le cinéma égyptien rayonnait dans tout le monde arabe et fascinait les cinéphiles européens, au point de faire de l’industrie cinématographique un des piliers de l’économie du pays. Pour se convaincre que cet âge d’or est bel et bien révolu, il suffit de visiter les mythiques studios Misr. Situés dans une banlieue sans charme du Caire, on peine à croire que ces bâtiments vétustes furent jadis surnommés «Hollywood sur Nil».
Mais ce déclin évident n’est pas un arrêt de mort. Les productions contemporaines existent et les studios Misr, privatisés en 2000, retrouvent eux aussi progressivement leur vitalité, sinon leur aura passée. Ils ont été équipés d’un matériel dernier cri, et la quasi-totalité des quarante films égyptiens produits en moyenne chaque année passent par ici, à un moment ou à un autre de leur conception.
Tabous. Aujourd'hui, le marché du cinéma égyptien reste dominé par de grosses productions, comédies souvent lourdes et mélodrames appuyés. Ce sont eux qui remplissent les salles et font vivre la profession. Mais, en parallèle, se développe depuis quelques années un cinéma d'auteur porté par de jeunes réalisateurs. Plus critique et ancré dans le réel, il cherche à faire réfléchir plutôt qu'à offrir du rêve, ils sont à cet égard les héritiers de quelques-uns des