Proche de longue date de Jean-Pierre Jeunet, le directeur photo Bruno Delbonnel a reçu la consécration en 2001 en signant l'image du Fabuleux destin d'Amélie Poulain. Ce succès international lui ouvre les portes du cinéma américain, il se retrouve notamment sur le blockbuster Harry Potter et le prince de sang-mêlé (2009). Il a enchaîné ensuite le Faust d'Alexandre Sokourov, Dark Shadows de Tim Burton et l'encore inédit film des frères Coen Inside Llewelyn Davis, inspiré par la vie du chanteur folk Dave Van Ronk à New York.
De quand date votre rencontre avec Alexandre Sokourov?
J'avais travaillé avec les producteurs allemands qui avaient collaboré avec lui sur Moloch notamment, et je leur avais dit que j'aimerais le rencontrer, car j'étais vraiment un admirateur de son cinéma, entre autres de ce chef-d'œuvre qu'est Pages cachées d'après Crime et Châtiment. On a fini par se voir au Festival de Cannes en 2002. Il m'a parlé de son projet Père, fils. Quinze jours après, il m'a demandé de venir à Saint-Pétersbourg. Mais des difficultés de production ont interrompu ce travail et après je n'ai plus entendu parler de lui, jusqu'au Faust. Dès notre nouvelle rencontre à Saint-Pétersbourg, nous nous sommes rendus au musée de l'Ermitage. Nous sommes restés plusieurs heures devant deux portraits du Greco et un tableau de Rembrandt. Pour Sokourov, le film doit être une œuvre d'art, et son désir profond serait d'être comme le peintre qui peut toujours tout