A Cannes, cette année, Ben Wheatley avait bien amusé la Quinzaine avec une comédie gore, les Touristes, dans laquelle un couple de crétins britanniques devenait tueurs en série par veulerie et bêtise ordinaires. Ce serait une lourde erreur pour autant de considérer que le cinéaste anglais, tout juste quadragénaire, est exclusivement porté sur la rigolade sanguinolente. Avec Kill List, tourné avant les Touristes, il vient démentir sèchement l'hypothèse et montre une autre facette, aussi violemment déjantée mais bien plus glaçante, de ses talents. La «list» dont il est question dans le titre répertorie le surnom d'une poignée de gens que deux tueurs à gages vont tenter de rayer de la surface du globe. C'est quasiment le seul repère du scénario qui masque, par ailleurs, à peu près tout du contexte dans lequel s'inscrit le carnage. Qui sont les trucidés potentiels ? Qu'ont-ils fait pour mériter ça ? Qui veut leur mort ? Avec un bel entêtement, Ben Wheatley s'abstient d'expliquer clairement quoi que ce soit, laissant le spectateur à ses supputations et à une appréciation forcément approximative des qualités morales des protagonistes, tueurs comme victimes.
Jacuzzi. Si on veut vraiment entrer dans le détail, ces deux types portés sur la gâchette et la picole sont d'anciens soldats que l'épreuve des champs de bataille a réuni, et pas pour le meilleur. L'un, très pro, prend son boulot à cœur, l'autre est plus négligeant, car sur la pente sa