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Libération

Rybczynski, «Zbig» one

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«Schizophrenia» doit presque tout à son génial chef opérateur polonais.
publié le 10 juillet 2012 à 21h16

Il n'est sans doute pas facile de se figurer, depuis l'âge numérique de 2012, ce qu'a pu représenter le surgissement de l'olibrius Zbigniew Rybczynski au début des années 80. Tout en lui était étrange, nouveau et hybride. Et d'abord, où le ranger ? Bien qu'artiste vidéo, il ne parlait pas la même langue que les valeurs sûres Nam June Paik, Bill Viola ou Jean-Paul Fargier. L'art n'était pas son souci premier : son travail avait à la fois un pied dans le commerce (en réalisateur assumé de pubs et de clips) et l'autre dans la technique (en bidouilleur invétéré mais toujours scientifique). Cela ne l'empêchait pas de revisiter les grandes œuvres des autres (l'extraordinaire Steps, qui incruste en 1987 un virus scénographique à même la fameuse scène du grand escalier d'Odessa dans le Cuirassé Potemkine), ou de créer les siennes, inimitables. A ce titre, Tango, peut-être son court le plus célèbre, lui valut l'oscar du meilleur film d'animation en 1982 ainsi qu'une nuit en taule. Sorti pour fumer, il n'a jamais pu convaincre le vigile du théâtre où se tenait la cérémonie qu'il devait recevoir un prix sur scène.

Ebullition. C'est à cette époque que «Zbig», comme tout le monde l'a vite surnommé, est approché par Gerald Kargl pour tourner Schizophrenia. Le jeune réalisateur, fou d'admiration, l'accueille chez lui en Autriche, et l'aide à faire sortir sa famille de Pologne alors en pleine ébullition. Pendant ces longues semaines d'inti