«Avec Melvil, tout est simple.» On n'aurait pas dû entendre cette phrase, chuchotée entre attachés de presse. Mais quand arrive Melvil Poupaud, 39 ans, corps léger et gracieux, voix douce, regard directement dans les yeux, on se dit que les attachés de presse n'ont sans doute pas tort. La terrasse de l'hôtel est peu accueillante, il invite dans sa chambre, sourit et tutoie. Engageant, détendu, fluide, il a en costume un charme souple et suranné.
Laurence Anyways, dit-il, est le «tournage le plus difficile» de sa déjà longue vie d'acteur, entamée à 9 ans avec son mentor, Raul Ruiz. Retenu pour jouer un personnage secondaire (une femme devenue homme), il hérite, à quinze jours de la première scène, du rôle-titre de Laurence, après la défection de Louis Garrel. Fou de joie, mais peu préparé, il débarque au Québec, «tout seul, perdu au milieu de l'équipe québécoise de Xavier où tout le monde se connaît». Il fait «un froid de chien». Il a «du mal» à s'intégrer.
Challenge. Quelques jours passent et arrivent dans la loge rouges à lèvres, mascaras, robes à épaulettes, talons hauts. Melvil en est soulagé. «Le costume aide à rentrer dans le rôle.» Devenir un homme qui veut devenir une femme est pour lui un challenge important - «il faut être crédible» - mais certainement pas étrange. «J'ai grandi dans un milieu où il n'y avait pas d'a priori sur la sexualité», dit le fils de l'attachée de p