En mai, à Cannes où son dernier film, Laurence Anyways, était présenté dans la catégorie Un certain regard, Xavier Dolan déclarait à l'AFP que son troisième long métrage était son œuvre «la plus aboutie, la plus complète, la plus accessible et la plus touchante». Passons sur le caractère présomptueux du propos. Le réalisateur québécois méché de 23 ans a raison. Laurence Anyways est son plus beau film, délaissant les maladresses des deux précédents, J'ai tué ma mère et les Amours imaginaires qui lui avaient apposé l'étiquette un peu facile de jeune prodige, prenant une ampleur (accentuée par la durée, deux heures quarante minutes) et une force narrative inattendues là où l'on ne soupçonnait qu'une ambition pédante.
Castagne. Montréal, au début des années 90. Laurence et Fred sont amoureux. Contrairement à ce que les noms laissent penser, le premier est un garçon, Melvil Poupaud (lire ci-contre) et la seconde une fille, Suzanne Clément. Mais Laurence Alia, professeur de littérature, veut devenir une femme. Et continuer à aimer sa copine. Une fois passé le choc de l'annonce, c'est une équation inédite que le couple tente de résoudre. Sur une période de dix ans, on les voit appréhender ce changement, pour le moins radical. Elle l'aide à s'habiller en femme, à se maquiller, lui achète une perruque, l'encourage. Lui, de son côté, découvre la transphobie au quotidien, les regards dans la rue, la castagne qui va s