Voilà quinze ans que Johnnie To règne en seigneur du cinéma de Hongkong depuis le trône de sa société de production, édifiée sur un adroit modèle économique tout en balancements bipolaires. D’une part, les polars en grandes formes, lardés d’effets de signature grand style qui font les yeux doux aux festivals occidentaux. De l’autre, la réalisation plus ingrate mais non moins habile de comédies romantiques fortes en pop stars locales ou peintures de la vie à Hongkong, enchaînées au rythme du tiroir-caisse et adressées aux seuls box-offices asiatiques qui n’en demandaient pas tant. La Vie sans principe se place avec une agilité rouée à la croisée de ces deux voies, à la fois mélo social d’union nationale sur la crise, portrait bouffon de la dèche mafieuse et satire chorale du penchant spéculateur de ses compatriotes. Vue d’ailleurs, la trame ne passionne guère sans que la virtuosité souveraine de To n’y égare de son tranchant.
THE EXCHANGE, film israélien d'Eran Kolirin, met en scène un homme, enseignant au quotidien a priori réglé comme du papier à musique, qui rentre un jour chez lui et, soudain envahi par «le sentiment de pénétrer chez un inconnu», commence à perdre tous ses repères les plus familiers. Intrigué par l'expérience qui semble à la fois le fasciner et l'angoisser, il poursuit l'aventure intérieure… que l'on suit effectivement avec curiosité, même si le rythme lent et répétitif du traitement comporte un risque indéniable de décrochage.
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