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Libération
Critique

Les justiciers casqués d’«A.C.A.B.»

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D’un sujet original, l’Italien Sollima fait un film convenu à la morale douteuse.
publié le 18 juillet 2012 à 7h40

Au premier rang des observateurs des dysfonctionnements de la société, le flic a toujours été le chouchou de la fiction. Du moins l’inspecteur ou le commissaire, mais jamais le CRS. Généralement réduit à une ingrate tâche de figuration, l’uniforme à godillots, casque à visière et grosse matraque est, pour une fois, mis au centre du récit dans le film de Stefano Sollima.

Grévistes. L'originalité de ce point de vue n'a rien de la coquetterie de scénario puisque le film, qui se fait fort de réaliser l'inventaire exhaustif des maux modernes, ne triche pas sur la nature de ces gaillards - xénophobes, violents, nostalgiques de Mussolini et un peu cons sur les bords -, qui ont tous échoué dans cette brigade parce que la bagarre est bien l'unique chose qu'ils savent faire correctement.

Les tensions raciales et sociales qui grossissent comme de vilaines infections dans l'Italie de Berlusconi ne leur donnent guère l'occasion de se reposer. Chaque jour, ils doivent cogner sur des supporteurs de foot surexcités, des ouvriers grévistes, des pauvres gens expulsés de leur logement ou des étrangers en situation irrégulière. Ils doivent aussi subir le mépris des nantis, la haine des prolos et le dégoût de leurs propres enfants, honteux de la profession de leur père. D'ailleurs, le titre, A.C.A.B., reprend l'acronyme britannique signifiant «all cops are bastards», slogan très populaire sous la gouvernance de la regrettable Margaret Thatcher.

Ce portrait de la société it