«Que serait le monde sans le cinéma portugais ?» Cinéastes, producteurs et critiques, réunis en table ronde samedi dernier dans la banlieue de Porto autour de cet intitulé mi-provocateur, mi-anxieux, sont demeurés partagés quant à la réponse. L'idée de les convier à débattre émanait du festival de Vila do Conde, l'un des meilleurs consacrés au court métrage en Europe, qui célébrait dans une atmosphère d'euphorie crispée une 20e édition pavée de paradoxes, partagée entre master class, ciné-concerts, tour d'horizon du court métrage étranger, panorama relevé d'une création nationale tout à la fois en ébullition et en crise, et donc tables rondes alarmistes.
Lorgné de loin, le dense programme du festival pouvait sembler refléter seulement la vitalité et la créativité éruptives, le doux climat de nouvelle vague du jeune cinéma d'auteur portugais. Celui-là même qu'encensent désormais les sélections de tous les raouts festivaliers majeurs. Celui de João Pedro Rodrigues (Mourir comme un homme), qui présentait à Cannes en mai un court somptueux, et qui sera en compétition en août à Locarno avec son nouveau long. Ce cinéma qui moissonnait en février à Berlin à la fois l'ours d'or du court métrage, avec Rafa, de João Salaviza, déjà vainqueur d'une palme d'or voilà trois ans, et le prix de l'innovation, adjugé au magnifique Tabou, de Miguel Gomes (déjà vendu dans 46 pays), dès lors repéré et désigné comme l'un des deux ou trois très grands f