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Libération
Reportage

Double messieurs à Washington

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[Corruption] . Monsieur Smith, sénateur et justicier dans le film de Capra fait des émules… à commencer par Obama.
publié le 20 juillet 2012 à 19h06

De nos jours, Washington se visite aussi en canard : les DC Ducks, des bateaux sur roues, qui partent d'Union Station, la gare centrale, et se dandinent sur le Mall avant de plonger pour une ronde sur les eaux du Potomac. Le visiteur qui débarque à Union Station - comme Mr Smith en 1939 dans le film de Frank Capra, Mr Smith Goes to Washington (Monsieur Smith au Sénat, en version française) -a le choix pour faire le tour des grands monuments à la gloire de la démocratie américaine. Comme Mr Smith, on peut aussi prendre un bus pour aller saluer Abraham Lincoln, immuable sur son trône de marbre blanc, enfourcher un vélo, s'aventurer sur un Segway (une planche à roulettes et guidon). L'offre de transports s'est diversifiée, mais la fascination reste toujours la même pour les visiteurs qui viennent ici par millions, découvrir une capitale tout à la fois vénérée, redoutée et haïe.

En 1939, Capra crève l'imposture : James Stewart, alias Mr Smith, découvre que ces pseudo-temples gréco-romains cachent des pratiques politiques abjectes où les votes s'achètent en cachette. Le jeune sénateur Smith, débarqué à Washington armé de sa seule expérience de chef scout, découvre peu à peu que cette brillante cité n'est qu'un repère de véreux, téléguidés par des hommes d'affaires. Sous le toupet virginal de Joseph Paine, l'autre sénateur de l'Etat, se révèle un pourri, aux ordres d'un party boss, qui contrôle aussi bien les hommes politiques que les journaux de leur rég