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Libération

Entre l’écran et la réalité, les allers-retours de la violence

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La tuerie d’Aurora pourrait relancer l’éternel débat sur le lien entre la brutalité de certains films ou jeux vidéo et des faits divers bien réels.
publié le 20 juillet 2012 à 21h46

«On a juste continué à regarder le film pendant un moment», raconte un témoin à la chaîne ABC. Des détonations de fusils dans un cinéma, c'est la routine dolby, d'autant plus pendant une projection de The Dark Knight Rises, dont la tonitruante séquence d'ouverture est une assez incroyable scène de fusillade dans un avion tronçonné en l'air et suspendu à la verticale avant chute libre. Plus tard, Bane, le méchant de cet ultime volet de la saga Batman signé du cinéaste Christopher Nolan (Memento, Inception…), déboule à la Bourse de Wall Street avec son équipe de terroristes à accent de l'Est, et ils tirent à vue dans la ruche capitaliste des spéculateurs terrorisés.

Le tueur de Denver, qui portait un masque à gaz et un gilet pare-balles (en cela proche du Bane du film), a profité du saisissement de l’assistance pour déclencher son attaque. Le carnage était à peine terminé que déjà on trouvait sur Internet des petits films de témoins, tels «Shooting in Aurora Movies People Shot» sur YouTube, où l’on voit un homme au tee-shirt maculé de sang sortir de la salle à pas lent, suivi par un enfant déguisé en Batman qui ne semble pas comprendre ce qui se passe, tandis qu’autour les hurlements de panique montent crescendo.

Cadeau. La synchronie entre l'apocalypse promise par le blockbuster, selon les termes grandioses et crépusculaires dont Nolan s'est fait le champion, et le massacre in situ est impressionnante, comme si cet événement