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Interview

«Le personnage a valsé selon les époques et l’air du temps»

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Philippe Touboul, spécialiste de la culture comics, analyse l’évolution de Batman depuis sa création, en 1939 :
par Jérôme Balazard
publié le 24 juillet 2012 à 21h46

Philippe Touboul est l'un des deux propriétaires du magasin de référence Arkham Comics, fondé en 1996 et installé dans le Ve arrondissement de Paris.

Quelle est la place de Batman dans la mythologie américaine ?

C’est la bande dessinée qui sert de mythologie aux Américains. Depuis l’origine des comics, celle-ci présente deux faces : une première lumineuse, solaire, Superman. Et une seconde bien plus sombre, Batman. Il est l’antisuper-héros, un homme sans superpouvoirs qui prend la justice à son compte.

Cela a pu lui être reproché…

Ça pourrait l’être à tous les comics. C’est le problème de personnages qui rendent la justice à la place de ceux dont c’est le métier. Mais, chez Batman, c’est amplifié. Il a une vision très personnelle de sa mission : il est pour que la justice triomphe, et non la loi. Peu importent les juges et les avocats. Le côté psychopathe de Batman est particulièrement poussé. Il est entouré de super-héros très puissants, presque des demi-dieux. Luiest plus méchant, plus tordu. Il doit compenser le fait qu’il n’a pas de pouvoirs. C’est pour cela qu’il n’a pas peur de méthodes qui rebuteraient Superman, à la morale beaucoup plus forte.

Comment le personnage a-t-il évolué ?

Il a valsé selon les époques et l'air du temps. Il a commencé très sombre avec Bob Kane [son créateur, ndlr], mais ça n'a pas duré très longtemps. Dans les années 50, ses aventures ont été parfois loufoques, avec même des épisodes de science-fiction. Jusqu'à très récemment, le public visé était les 8-10 ans. C'est donc normal que la BD et la série télé aient adopté un côté plus cartoon. L'exception,