Wasseypur est le nom d’un patelin au nord-est de l’Inde, enfoui dans l’Etat du Jharkhand et, ici, les Indiens jouent aux cow-boys. Ils se mesurent les uns les autres du regard, avant de passer très vite au couteau, au sabre, voire à la kalachnikov. Ces braves gens s’en veulent parce qu’ils sont ennemis héréditaires, qu’ils convoitent les mêmes femmes et se disputent les mêmes trésors. Comme dans les tragédies et les bons westerns, la mitraillette en plus. Quand ils n’attaquent pas des trains ou ne dévalisent pas les riches, des bandits romantiques affrontent des crapules cruelles et corrompues pour se venger de crimes et d’injustices commis quand le pays était encore sous la domination des Britanniques. Une vendetta impitoyable de près de soixante-dix ans, impliquant trois générations de personnages (et des dizaines d’acteurs les incarnant à tous les âges), dont le cinéaste Anurag Kashyap a tiré les innombrables fils pour réaliser cette saga de près de cinq heures et demie.
Alliances. Le premier segment des Gangs de Wasseypur (le second sortira à l'automne) est une immense mise en place du drame original qui lance les hostilités. Peu avant l'indépendance, en 1948, la rivalité de deux hommes, l'un puissant et rusé, l'autre bandit de grand chemin, donne lieu à une trahison qui se solde par la mort du second. Par chance pour le récit, la victime laisse derrière lui un fils qui ne connaîtra plus la paix avant d'avoir anéanti les meurtriers de son père et