Il existe un film à faire pâlir d'envie tous les producteurs, agents, attachés de presse et autres directeurs de casting, un (très) long métrage où apparaissent Sandrine Bonnaire, Jean-Luc Godard, PPDA, Jack Lang, Maurice Pialat, Raul Ruiz, Alain Chabat, Jean-François Lyotard, Félix Guattari, Stéphane Audran ou Tina Aumont. Entre autres, puisqu'ils sont 2 628 à figurer au générique de ce work in progress. Un film en tournage qui, pour l'instant, dure plus de 175 heures : le Cinématon, réalisé par Gérard Courant, parfois projeté intégralement dans des musées. Un objet de cinéma, qui a débuté en 1978, dont le principe est très simple : chacun apparaît devant la caméra, dans un plan fixe et muet qui dure trois minutes et vingt secondes. L'image est précédée par un panneau qui indique les nom, prénom, nationalité et profession de la personne, ainsi que la date, l'heure et le lieu où la séquence a été tournée. Une seule règle : le réalisateur n'intervient pas et le sujet peut faire ce qu'il veut. Tous égaux devant la caméra, tous unis dans le cinématon, cette version cinématographique d'une addition mathématique infinie.
Mot valise
Alors que nous sommes tous des cinématés (ou potentiels), il n'existe qu'un seul cinémateur. Né en 1951 à Lyon, Gérard Courant grandit à Dijon, découvre le cinéma quand, enfant, il passe quelques semaines dans un sanatorium où sont projetés des films de Buster Keaton, Fellini, des comédies musicales en technicolor. Au milieu des années 70, il s'i