Face au parc du château royal, la boulangerie åpent est un débit de viennoiseries au chic très scandinave. Par ses vitres sans fin, le visiteur estival peut saisir un concentré d’Oslo pendant les beaux jours : les promeneurs qui semblent aspirer chaque rayon de soleil, les travaux qui balafrent de partout la capitale norvégienne dès que le sol dégèle, et, en face, la terrasse bondée de la Maison de la littérature, haut lieu des débats intellectuels et d’un certain snobisme.
C'est là que se déroule une scène-clé d'Oslo, 31 août, le deuxième film de Joachim Trier, natif de la ville passé par le skateboard. Nous sommes le 30 août. Anders, beau gars hagard de 34 ans, est attablé seul. Il écoute les conversations qu'il parvient à capter autour de lui - histoires d'amour, déceptions quotidiennes -, mais revient systématiquement à la solitude silencieuse des passants de la rue, derrière la vitre. Anders semble réaliser qu'il est désormais un étranger dans sa ville, qu'il a quittée depuis des années déjà, n'y vivant plus que dans les interstices nocturnes que distillait son addiction à l'héroïne. Il s'en est tiré tant bien que mal et profite de la première sortie autorisée par le centre de désintoxication où il a passé les derniers mois.
Plus tard dans le film, Anders ira s’endormir dans un parc, retrouvera des amis qui sont surtout des connaissances et zonera avec eux le temps d’une nuit qui s’ouvrira sur le dernier jour des vacances. Après, ce sera la rentrée : il est mal v