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Critique

Cinquante ans après, «la Servante» dépoussiérée

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Huis clos. Le mélodrame expressionniste du Sud-Coréen Kim Ki-young ressort dans une version restaurée par la fondation Scorsese.
publié le 15 août 2012 à 20h06

Tourné en 1960, la Servante n'est sorti pour la première fois en France qu'en 1995, révélant un styliste hors pair. Trois ans plus tard, ce pionnier du cinéma d'auteur sud-coréen trépassait avec son épouse dans l'incendie de leur domicile, provoqué par un court-circuit électrique. Une mort cruelle et flamboyante, à l'image de son cinéma qui a influencé des générations de compatriotes comme Park Kwang-su, Lee Chang-ho, Kim Ki-duk, Bong Joon-ho, Park Chan-wook et Im Sang-soo, lequel présenta en 2010 à Cannes un remake de la Servante, en inversant les rôles des protagonistes.

Pulsion. Le film raconte l'histoire d'un compositeur de musique nommé Dong Sik. Il donne des leçons de chant aux ouvrières d'une usine de textile pendant la pause déjeuner, et des cours particuliers de piano chez lui le soir. Sa femme fait de la couture à domicile, car il faut nourrir les deux enfants et payer la maison moderne et spacieuse dans laquelle ils viennent d'emménager. Pour soulager son épouse, épuisée par une nouvelle grossesse, le compositeur engage une domestique, jeune sauvageonne au regard de braise. Dès lors, Hegel et Freud entrent en scène : l'esclave devient le maître, les verrous de la morale cèdent les uns après les autres, et la pulsion de mort se déchaîne, détruisant à peu près tout sur son passage…

Du point de vue de la thématique, cette diabolique Servante précède de trois ans The Servant de Joseph Losey, variation homo sur le même