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Libération
Critique

«Keep The Lights On», ivre de came et de fioritures

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Addicts . Autofiction gay et esthétisante d’Ira Sachs.
publié le 21 août 2012 à 22h17

C'est le refrain d'une scie sixties d'Etta James et la sagesse populaire qui le disent, «there's always two sides to a story». Toujours deux faces, deux points de vue à une histoire, et celle d'amour et de dope vécue par Bill Clegg et Ira Sachs se plie volontiers à l'adage. Agent littéraire devenu écrivain, le premier en a livré son récit en 2010 dans un texte puissant, Portrait d'un fumeur de crack en jeune homme , où il relate la défonce et l'errance, la perte de tout ce qui l'entourait alors. Cinéaste d'obédience sundancienne (Forty Shades of Blue,2005), le second en comble les crevasses dans une autofiction filmée, doublure et réplique parallaxe au livre de son ex-amant, tableau d'une addiction à autrui qui recouvre de son limon apaisé celui d'une autre dépendance.

Le récit s’ouvre en 1998 à New York, quand Erik tombe amoureux de Paul à la suite d’une rencontre d’un soir. Il se referme à l’heure de leur séparation. Entre ces deux extrémités, il y a le temps vite chassé du bonheur à deux, auquel succèdent fugues et rebonds de leur amour, au gré des évaporations de Paul dans la came, de sa traque hébétée par Erik et de leurs retrouvailles, sans cesse plus désenchantées. Le temps du film semble étrangement se glacer autour d’eux à mesure que le récit glisse par à-coups sur le fil intime d’une décennie dont rien ou presque des mutations ne s’imprime à leur histoire ou à ses modes. Hors-champ, les tours tombent sans écho, les relati