Le sujet est tombé, genre disserte de philo : «Nécessité de la critique ?» Les invités du séminaire avaient deux jours pour tenter d’y répondre, et jusqu’à samedi pour poursuivre leur réflexion, de tables rondes en projections. Car la question est cette année le fil rouge des Etats généraux du film documentaire de Lussas, en Ardèche, manifestation théorique et filmique qui attire en moyenne 5 000 visiteurs chaque été.
Fidèles à la tradition instaurée par Jean-Marie Barbe en 1989, les codirecteurs artistiques de cette 24e édition, Pascale Paulat et Christophe Postic, ont constitué une programmation exigeante, composée de trois catégories : séminaires, projections et rencontres professionnelles.
Rituels. Eminemment politique, ce festival non compétitif se pense d'abord comme l'occasion de promouvoir ou remontrer des films qui incitent au débat, tels que les Maîtres fous de Jean Rouch (photo), docu sur une tribu ghanéenne, dont un des rituels consiste à se laisser posséder par les esprits des colonisateurs, ou le Passeur de Filipa César, sur les militants qui traversaient illégalement la frontière portugaise avant le renversement de la dictature.
«Réaffirmer la nécessité de la critique, c'est revendiquer l'importance d'une place publique où l'expérience du film est partagée et discutée», expliquent les maîtres d'œuvre de ces états généraux. «Le spectateur a la puissance de voir ce qui est, ce qui a été pensé, voul