Pavée de succès à plusieurs centaines de millions de dollars, toujours restée insaisissable dans l'ombre de monstres géniaux du rire hollywoodien, la trajectoire esquissée depuis quinze ans par Jay Roach intrigue. Soutier sans style en charge de la réalisation des séries Austin Powers et Mon Beau-Père et moi, ses collaborations aussi durables qu'ultrarentables avec Mike Myers, Ben Stiller ou encore Owen Wilson, tantôt fringantes, tantôt d'une fadeur embarrassante, ne lui dessinent fermement aucun caractère, si bien que l'on peine souvent face à ses films à discerner qui de lui ou de celui qu'il filme dirigea l'autre.
Barouf. Un souci récurrent se fait pourtant jour dans son parcours, celui de documenter par la fiction la vie politique américaine. Cela donna lieu à Recount et Game Change, deux habiles téléfilms estampillés HBO qui relataient avec savoir-faire, frontalité et une séduisante sécheresse du trait, l'un l'escroquerie du comptage des voix de Floride lors de la première élection de Bush Jr., l'autre l'irruption de Sarah Palin dans la campagne présidentielle de 2008 - avec une Julianne Moore plus vraie que nature dans le rôle de la permanentée ultraréac d'Alaska.
Métissage de comédie parodique et de fable édifiante sur le pouvoir, calibré pour une sortie au cœur du barouf de la présidentielle américaine, son nouveau film se pose à l'exacte intersection des principaux fils de sa filmographie bipolaire. Jay Roach y reno