Parmi les bouts de ficelle dont est fait le premier long métrage de Namir Abdel Messeeh, il y a un fil rouge : les apparitions de la Vierge. «Ça révèle des choses sur l'Egypte que je voudrais comprendre», explique-t-il à un chauffeur de taxi du Caire, paralysé par le ramadan… Coiffé d'une inamovible casquette verte, Messeeh se met en scène, devient un personnage en quête de témoignages sur ce phénomène mystique. Il se filme dans les rues de Zeitoun, lieu d'une mémorable apparition mariale qui, en 1968, a rassemblé des centaines de milliers de coptes et de musulmans. Du micro-trottoir maladroit à l'appel à témoins mitigé, cette démarche se délite dans la première moitié du film, très tâtonnante. Non seulement le réalisateur s'éparpille, mais Messeeh se heurte aussi à des résistances sourdes : «De croyances, on ne discute pas», reconnaît-il.
De cet échec initial, dont se plaint le producteur dans des coups de fil excédés, Messeeh tire un autre film. Autour de la Vierge se nouent des questions intimes qui le font basculer. Le cinéaste retourne dans le village de Haute-Egypte où il a grandi avant de venir en France. Il retrouve la famille copte avec laquelle il était brouillé depuis qu'il avait «perdu la foi», une quinzaine d'années plus tôt. Et pour provoquer la parole, éprouver ses limites, il entreprend de reconstituer une apparition fictive de la Vierge dans ce même village. Avec la ponctuation envahissante et comique de sa mère, venue gérer le budg