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Libération
Critique

Père est le loup

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Avec «les Enfants loups», le Japonais Mamoru Hosoda signe un film d’animation éblouissant et s’impose comme le nouveau héros du genre.
(DR. )
publié le 28 août 2012 à 20h16

Il n’y a pas si longtemps, le Japon était une société prospère et confiante. Une accumulation de crises - démographique, économique et écologique - a transformé le pays, entamant la validité de son modèle, mais faisant aussi naître une génération de cinéastes brillants et désenchantés, une nouvelle nouvelle vague dont la matière commune fut le doute existentiel profond qui tourmente l’archipel.

Le cinéma d'animation japonais n'est pas resté étanche à ces mouvements sociologiques, mais il a toujours développé une façon personnelle d'observer les choses dans ce pays. Sa forme privilégiée reste le conte, ancien ou moderne mais toujours classique, dont le grand sorcier Miyazaki a raffiné les codes jusqu'à leur point d'incandescence : celui de la prophétie. Le conte est aussi la forme privilégiée de Mamoru Hosoda qui, après le virtuose Summer Wars, nous revient avec les Enfants loups, et prend une très sérieuse option pour succéder un jour à Miyazaki au firmament de l'animé d'Orient.

Mère courage. Malgré son titre, les Enfants loups raconte surtout l'histoire de leur mère, Hana, que le film suit sur un parcours d'une douzaine d'années. Elle est encore jeune fille lorsqu'elle rencontre à la fac un bel étudiant ténébreux. Représentant solitaire d'une race que l'on croyait éteinte, il cache sous sa séduisante enveloppe humaine une nature de loup non moins splendide, à laquelle Hana ne résiste pas. Il lui fait deux enfants sang-mêlé, une fill