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Libération
Critique

L’illuminé et le gourou

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A Venise, avant-première événement des nouveaux opus très attendus de Terrence Malick et Paul Thomas Anderson.
par Julien Gester, (à Venise)
publié le 3 septembre 2012 à 21h26
(mis à jour le 3 septembre 2012 à 21h26)

La compétition a dévoilé, coup sur coup ce week-end, ses deux pièces les plus attendues, deux films étonnamment pas sans rapports : The Master, de Paul Thomas Anderson, et To the Wonder,de Terrence Malick. Deux films en spirale dont il nous revient de démêler ce qui, de la chair fictionnelle, n'est que fantasmes des personnages. Deux fresques en clair-obscur à l'ambition tonitruante, mais qui, dans le cheminement de leur auteur, arrivent chacune après une œuvre monstre, dont elle rejoue l'air sur le mode mineur et en tempèrent la grandiloquence - Paul Thomas Anderson laisse ici de côté son bréviaire de pyrotechnie kubrickienne et ses leçons d'histoire du capitalisme, tandis que Malick renonce à filmer encore le cosmos (pour cette fois).

Un an seulement après Tree of Life, Malick, que l'on n'arrête plus, en décalque et en prolonge si précisément le système et les manières que l'on en peine presque à se rappeler qu'il n'a pas toujours filmé ainsi. On le soupçonne de s'être soudain pris de passion pour les potentialités offertes par le montage numérique, d'en être devenu littéralement gaga, et d'avoir décelé là une manière propre, et peut-être définitive, de composer ses scènes d'une extrême sensualité et de raconter des histoires. Ou plutôt, de ne presque plus en raconter, pour mieux poursuivre le merveilleux dans chaque raccord, chaque glissement d'un plan sur un autre, quitte à nous perdre en route quelquefois. Après les dinosaures et les galaxies,