William Friedkin a eu 77 ans le 29 août. Le réalisateur de quelques-unes des œuvres cultes du cinéma américain des années 70-80 (French Connection, l'Exorciste, Cruising, Police féderale Los Angeles…) a entamé en 1998 une nouvelle carrière de metteur en scène d'opéra qu'il mène tambour battant à l'international. Alors que le festival de Deauville lui rend hommage, Friedkin était de passage à Paris pour la sortie de son Killer Joe saignant.
Qu’est-ce qui vous a décidé à collaborer à nouveau avec le dramaturge et acteur Tracy Letts, cinq ans après le film Bug ?
J'adore son écriture, nous voyons le monde de la même manière. Et je pense qu'il s'est hissé, avec sa grande singularité, parmi les meilleurs dramaturges américains modernes. Il est pour moi de la trempe des Tennessee Williams, Arthur Miller, Edward Albee. J'aime sa vision de l'humanité, que je trouve pleine de vérité et de clairvoyance. J'ai vu la pièce Bug avant de le rencontrer, et la force de cette danse macabre, cette étude de la paranoïa et de l'amour comme maladies contagieuses, m'avait abasourdi. Quelque temps après Bug, il m'a demandé de lire un scénario qu'il avait écrit : Killer Joe. Je l'ai lu et j'ai su aussitôt que ce serait mon prochain film et que je n'aurais pas à en changer une virgule, à la seule condition de trouver le bon casting.
Et vous l’avez trouvé…
Le casting est toujours le fait d’un dieu du cinéma. Sans qu’on lui ait rien demandé, Juno Temple m’a envoyé une bande démo où elle jouait le rôle de Dottie, avec son petit frère de dix ans dans le rôle de Joe. A tout point