Au risque de lasser un peu l’auditoire, l’arrière-cour crapoteuse de l’Amérique, peuplée de petits Blancs misérables et violents, est, depuis longtemps, une manne inépuisable de la fiction américaine. Sans même convoquer les tauliers du genre, William Faulkner ou Tennessee Williams, on ne compte plus les romanciers, dramaturges ou cinéastes américains contemporains qui ont plongé tête la première, et souvent avec un brin de complaisance, dans les marécages nauséabonds de cet obscurantisme teinté de frustration sexuelle qui s’épanouit sous les climats tropicaux des fiers Etats du Sud.
Tiers-Monde. C'est sur ce terrain miné, ou du moins méchamment référencé, que s'est aventuré le respectable William Friedkin avec Killer Joe, dont l'intrigue, d'un beau classicisme noir, est coincée dans un bled lugubre de Louisiane. Plus exactement, dans un «trailer park», un de ces amas de caravanes crasseuses évoquant un camp de réfugiés, où le degré de pauvreté et d'analphabétisme n'est comparable qu'aux régions les plus défavorisées du Tiers-Monde.
Là, une charmante petite famille attend paisiblement l’inéluctable drame qui apportera un peu d’animation à sa triste existence. Il y a le père (Thomas Haden Church), les neurones noyés dans la bière, qui passe ses loisirs à observer des courses de tracteurs à la télévision (un plaisir que TF1, mieux avisée, pourrait rapidement offrir au public français), sa nouvelle épouse, vieille nymphomane qui s’imagine starlette de ca