Orpheline à l’âge de 12 ans, la petite Ingrid, née en 1915, n’attendit pas longtemps avant de préparer le concours d’entrée au Théâtre royal dramatique de Stockholm et de faire ses débuts à l’écran en 1934. D’emblée, elle plut. On la vit dans les films d’Edvin Adolphson, Ivar Johansson, Gustaf Edgren et surtout Gustaf Molander, son premier pygmalion. Les histoires du cinéma sont formelles : c’est lui qui sut «modeler son visage encore poupin et lui transmettre un feu intérieur tantôt joyeux, tantôt grave». Ce feu ne la quittera jamais. Des six films molanderiens, il est d’usage de ne retenir qu’Intermezzo (où elle est une pianiste transie d’amour). Les pontes de la UFA virent le film, Selznick aussi : les offres de travail en dehors de la Suède ne manquent pas.
Dès 1939, Ingrid Bergman rejoue Intermezzo version américaine, dirigée par le futur gros Gregory Ratoff, et avec Leslie Howard comme partenaire. Il règne alors, suite au phénomène Garbo, un vent de «suédité» sur les écrans américains. Selznick néanmoins ne sait trop comment «caster» la nouvelle acquisition qui n'apparaît dans aucun rôle marquant.
Sa vraie seconde carrière commence lorsqu'elle réussit à persuader la MGM et Victor Fleming de lui donner un rôle de prostituée dans Dr Jekyll and Mr Hyde (1941). Elle éclipse (facile !) Lana Turner. Elle a ensuite le nez assez creux pour remplacer Hedy Lamarr dans Casablanca, futur classique de Michel Curtiz (1943) et pour