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Libération
Critique

Bus Brothers

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Banquette. Balade en bus avec des lycéens du Bronx. Entre vannes potaches et éclair de lucidité.
«The We and the I» (Photo DR)
publié le 11 septembre 2012 à 19h07
(mis à jour le 12 septembre 2012 à 11h15)

The We and the I, le titre du nouveau film de Michel Gondry, découvert cette année à la Quinzaine des réalisateurs lors du Festival de Cannes, semble suggérer a priori qu'il sera le récit d'une coexistence entre le collectif et l'individuel, le «nous» et le «je». Son aventure est heureusement d'une autre qualité.

On grimpe dans le film comme ces ados montent à bord du bus : en chahutant, se bousculant, se disputant les places assises et pour les caïds officiels, la banquette du fond. Tout de suite, c’est un festival de vannes plutôt amusantes, où tout le monde chambre tout le monde, une sorte d’olympiade du bon mot qui tue. On est embarqué comme un passager clandestin, voyeur et auditeur privilégié de ce pandémonium, où la cruauté, la loi des plus forts sur les plus faibles semblent les seuls motifs de fédération, de mal commun.

Dans le rôle du souffre-douleur officiel, une grosse gamine noire qui, il est vrai, ne fait rien pour ne pas être remarquée avec sa perruque blonde de Lady Gaga. Mais de là à la traiter de «kilo de boudin dans un sachet de 500 grammes»…

Peu à peu, le film déserte la vision panoramique pour dévisager certains des adolescents, les singulariser plus que les identifier : le propos, se diffractant, devient kaléidoscopique, le groupe et ses effets se disloquent, des prénoms surgissent…

La trouvaille, c’est que toutes ces personnes gagnent leurs galons de personnages, c’est-à-dire de fiction, par la mise en scène de récits autobiographiques po