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Libération
TRIBUNE

Tony Scott, le dernier samaritain de Hollywood

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par Baptiste Liger, Journaliste
publié le 13 septembre 2012 à 19h06

«Personne ne t'aime. Tout le monde te hait. T'es qu'une ruine. Espèce d'enfoiré.» C'est en ces termes, peu flatteurs, que se définissait le détective Joe Hallenbeck (Bruce Willis) dans le Dernier Samaritain de feu-Tony Scott, décédé le 19 août. Des mots qui viennent étrangement en résonance à quelques nécrologies, peu élogieuses, de ce roi du box-office. «Que garder ? Pas grand-chose» ont écrit certains, d'autres parlant plutôt d'un «aimable faiseur de blockbusters bas du front (à la) laideur publicitaire assumée». On s'étonnera du ton méprisant de ces articles, peu fréquents dans cet exercice journalistique. Avec un peu de mauvais esprit, on pourrait même remarquer une iniquité de traitement entre le cas Tony Scott et quelques élégies funéraires de metteurs en scène de bien moindre envergure (et français ?), gratifiés post-mortem d'adjectifs dithyrambiques qui ne dépareilleraient pas, mettons, dans certaines critiques du dernier ouvrage de Mme Angot…

Qu'on aime ou pas l'art et les manières du géniteur de Top Gun, il est difficile de nier non seulement un savoir-faire, un sens de l'efficacité, mais aussi une patte bien plus personnelle qu'elle n'en avait l'air, dans le système hollywoodien. Souvenez-vous des Prédateurs, chef-d'œuvre du film de vampires dont les lumières éthérées, le chic publicitaire d'époque, aujourd'hui daté, collent admirablement au sujet (l'inexorable vieillissement). Malgré ces débuts flamb