Alyah, ici, n'est pas le prénom d'une fille, chanteuse de r'n'b (ça, c'est Aaliyah), mais le nom donné en hébreu pour désigner le processus d'immigration et d'installation en Israël : une alyah, des alyoth. Alex, 27 ans, dealer de shit puis de cocaïne, est un Parisien qui n'avait de toute évidence jamais envisagé de partir dans un pays dont il ne parle même pas la langue. Mais il suffit d'une conversation arrosée un soir avec un cousin qui va ouvrir un restaurant à Tel-Aviv pour qu'au débotté Alex demande ce truc bizarre : «Tu me prendrais dans tes valises ?» Comme s'il était un objet qu'on peut faire passer incognito à la douane, glissé dans un sac à roulette.
Le film, en un sens, l’oblige à comprendre qu’il ne peut pas être aussi inconséquent avec lui-même et le destin qu’il se donne. S’il veut partir, il lui faut faire un certain nombre de démarches (certificat de judaïté, apprentissage de l’hébreu, ouverture d’un compte sur place, etc.) qui se transforment en bilan existentiel plein de mélancolie sur ses proches (lointains et indifférents comme son père, collant et pervers comme son frère) et sa persistante inadéquation au monde.
Flâneur. Le deal est d'ailleurs une façon de nouer et dénouer dans un même mouvement les rencontres dans le temps bref de la transaction discrète, illicite. Le souffle du danger l'effleure à peine et il ne connaît pas la culpabilité. Le deal fait de lui une sorte de flâneur pressé, bel indifférent qui jamais ne s'attarde.