Le nouveau film de Brillante Mendoza nous saisit dès les premiers plans, qui semblent d'abord rejouer sur un mode aquatique l'époustouflante scène inaugurale de Tirador (2007), soit à ce jour le plus beau film du cinéaste philippin. Débarqués masqués dans la pénombre qui baigne une plage tropicale, des hommes en armes forcent les portes de pavillons hôteliers pour extraire des corps nus à leurs lits, et les enjoindre, sous la menace de kalachnikovs, de les suivre dans la nuit. Les gros bras de Tirador étaient des flics manillais en descente, cette fois ce sont des guérilleros islamistes portés sur le kidnapping d'étrangers en goguette. Terroristes à peine pubères, ils sont un peu gauches et leur butin humain, qui n'offre que peu de perspectives de rançon, les déçoit : pauvres hères du cru, missionnaires américains désargentés, Française en mandat humanitaire qui se trouve avoir les traits d'Isabelle Huppert.
Vibrations. S'engage alors une échappée sans fin à travers la touffeur de la jungle, cernée par de sporadiques attaques des forces gouvernementales, d'une soudaineté aussi aveugle que brutale. On est en 2001, sur l'île à tendance indépendantiste de Mindanao et sur la trace, nous dit le générique, de faits réels. «Une histoire vraie» que Mendoza relate dans un balancement nerveux entre stridence sèche de scènes de fusillades et délicatesse de trouées contemplatives, attentives aux vibrations sauvages du monde. Dans son sempiternel pas de