Prolongement d'une thèse soutenue en 2004, les Cloches d'Atlantis ont pris de l'ampleur au fil des découvertes et redécouvertes de Philippe Langlois.
Vous abordez un champ historique relativement peu étudié dans sa globalité. Qu’est-ce qui vous a le plus surpris dans vos recherches ?
Je ne m'imaginais pas la richesse des tentatives dans la première moitié du siècle. En remontant le fil qui part de quelques réalisateurs, comme Dziga Vertov, on s'avance dans l'électroacoustique primitive, une forêt à peine défrichée qui mêle des tentatives sur le support, le son, l'image. Je voulais replacer ces pionniers dans l'histoire. On commence à peine à découvrir l'ampleur de ce qui a été créé, comme cette partition pour quatre thérémines composée pour Aelita, un film muet soviétique [de Yakov Protazanov, réalisé en 1924, ndlr]. Les gens devaient être fous dans la salle !
On a l’impression que faire de la musique pour le cinéma a longtemps été un sujet tabou…
Oui, cette musique a pendant très longtemps été vue comme une musique non respectable, alors qu’elle a permis à beaucoup de compositeurs ambitieux d’appliquer leur musique. Mais faire de la musique d’ameublement, puisqu’il s’agit de ça, c’était impur. A ceci s’ajoutent des conditions de travail très difficiles. On donnait souvent le film prémonté au compositeur en lui demandant une heure de musique à rendre trois jours plus tard, puis cette musique était considérée comme une matière secondaire : les compositions n’étaient pas utilisées sur les scènes pour lesquelles elles avaient été écrites, elles étaient tronquées ou recouvertes… Ce n’était pas évident.
Le cinéma grand public a, dès le début, intégré volontairement les dernières avancées sonores ?
Tout dépend des périodes. Jusque dans les années 20, la frontière entre l