Le paradoxe religieux prend toutes sortes de formes et il suffit d’allumer sa télé pour en observer les exacerbations quotidiennes, avant de se souvenir que les statistiques sont pourtant formelles : globalement, l’humanité se sécularise. Même aux Etats-Unis, où cette part est encore faible par rapport au Vieux Continent, les citoyens qui se déclarent athées sont de plus en plus nombreux. Il n’y a pas que les musulmans que la foi parfois rend fous : à bien contempler le visage radieux de Téodora, religieuse orthodoxe au monastère de Varatec en Roumanie, on y lit très vite le feu d’un certain dérèglement, et même si celui-ci est pacifique, il brûle aussi d’une force triste et inquiétante.
Anca Hirte est à la fois la scénariste, la réalisatrice et la chef op de Téodora pécheresse, son second documentaire. Elle a pu approcher, à un degré d'intimité assez rare, une jeune sœur de 24 ans qu'elle observe dans les saisons qui précèdent le rituel liturgique où elle prononcera les vœux définitifs qui en feront «l'épouse du Seigneur».
Sous la ouate d'une caméra en approche bienveillante, la cinéaste s'autorise un regard souvent cru, une proximité perturbante, qui donnent au film ses meilleurs moments. Téodora pécheresse tient ainsi la route, en quelque sorte, par ses excès, comme ces très gros plans sur le visage fébrile et frémissant de la jeune fiancée, d'un charnel bref et elliptique mais déjà presque abusif.
Le montage, son équilibre, donnent au film son rythme juste