Au cinéma, tous les bordels se font écho et se ressemblent, même s'il en est de mieux filmés que d'autres, même s'il en est certains qui évoquent plus intensément une place de marché (au bétail ou financier, c'est selon). De cette banalité et de l'analogie boutiquière, le cinéaste chinois Zou Peng fait la grande affaire de son deuxième long métrage, Sauna on Moon (du nom du lupanar dont il infiltre le quotidien), découvert à Cannes l'an passé parmi quelque 17 autres films ayant également trait à la prostitution, symptômes d'une époque obsédée par les plaisirs tarifés.
Baladeuse. Celui-ci débute par une série de miniatures éclatées, scènes de la vie proxénète qui se posent d'emblée comme métaphores de la transition économique d'une Chine contemporaine où, vaste blague, le commerce des corps est officiellement proscrit. Un effiloché d'histoires que l'on peine d'abord à raccommoder, et qui ne fait corps que par l'énergie graphique et la vigueur déployée par sa caméra baladeuse. Au détriment, forcément, du récit en germe auquel s'imprime cette esthétique de notes dans la marge, à la forme aussi émiettée qu'élégante : chaque scène témoigne d'un regard aigu, alerte, gourmand de plans perlés et de travellings à l'huile, mais on y frise fréquemment une certaine inconsistance décorative.
Toutes cinégéniques qu’elles sont, la plupart des filles, qui se présentent par des numéros, n’y apparaissent guère qu’en silhouettes jamais tout à fait incarnées - et il est