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Libération
Critique

Rosales, Vide famille

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Non-dit . Mémoire et violence en guise de deuil.
«Rêves et silence» de Jaime Rosales
publié le 2 octobre 2012 à 19h07

Auteur ici de son quatrième film, Jaime Rosales prend toujours ses distances avec l'histoire que ses longs métrages racontent. Comme si un autre film existait, plus conventionnel, que personne ne verrait jamais et qui remplirait les ellipses laissées de côté par son propre film. Pour Rêves et Silence, Rosales prend un soin extrême à n'effleurer que la périphérie de son récit afin de mieux en saisir le cœur, la substance profonde et insaisissable faite de douleurs et d'incompréhension. Il faudrait éviter de raconter les faits, tant la brutalité de leur résumé est aux antipodes d'un pathos étranger au film. Elle existe pourtant bien, cette histoire d'un couple d'Espagnols habitant à Paris avec ses deux enfants. Il est architecte, elle est prof, et ils vivent comme tout le monde, sans vraiment y réfléchir, jusqu'à ce qu'un accident ne les y oblige. Partis quelques jours chez ses parents, le père, Oriol, et sa fille aînée disparaissent du cadre à l'issue d'un long plan sur une autoroute du Sud… L'hôpital, le cimetière, le deuil interminable sont filmés de très loin ou de très près, comme des tableaux presque immobiles que l'action construirait.

En guise de mode d’emploi, le film s’ouvre sur l’artiste Miquel Barceló en plein travail, construisant une toile dont chaque détail donne peu à peu la signification et la force de son œuvre. De la même manière dans le film, les pièces du puzzle, les bribes de conversations se mettent en place. La fille aînée du couple a perdu la v