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Libération
Critique

«God bless America», les colts des fans

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Vitriol . Bonnie and Clyde à la sauce «South Park», où Bobcat Godthwait passe la télé-réalité américaine à la sulfateuse.
Frank et Roxy ont le sang chaud. (DR. )
publié le 8 octobre 2012 à 20h26
(mis à jour le 10 octobre 2012 à 7h31)

Une très grande force émane des premières minutes de God Bless America. Une force misanthrope, cruelle et débondée, où l'on voit le quadragénaire Frank, antihéros américain très moyen, tirer au fusil à pompe sur le bébé trop bruyant de ses voisins décérébrés… Ah ! quelle délicieuse audace… Mais ce n'était qu'un rêve, une soupape onirique par laquelle Frank expulse la haine implacable qui monte en lui et s'exerce contre tout ce qui constitue la société américaine moderne, particulièrement sa culture télévisuelle, trash et people.

Ce rêve, pourtant, va devenir la réalité de God Bless America, et même sa télé-réalité puisque celle-ci est le vecteur principal de la rage manifeste du réalisateur, Bobcat Goldthwait, satiriste professionnel auquel on doit notamment Juste une fois ! (Sleeping Dogs Lie).

Moulinette. Frank a de bonnes excuses pour péter les plombs : son ex-femme le méprise, sa fille le déteste, son employeur le jette à la rue et son médecin lui apprend qu'il a une tumeur cérébrale incurable. Foutu pour foutu, Frank décide donc de ne pas quitter cette terre sans avoir réglé quelques menus comptes. Après avoir buté une riche lycéenne idiote, vedette d'un reality show façon famille Kardashian, Frank trouve sur sa route une admiratrice, joliment détraquée elle aussi : Roxy, ado en rupture vomissant le conformisme vulgaire et égoïste qui semble, via la lucarne télé, gangrener les Etats-Unis et le monde entier. Ensemble, i