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Libération
Interview

«Les films, pour moi, c’était regarder la rue par la fenêtre»

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Séance tenante Hanna SCHYGULLA. Egérie fassbinderienne et actrice de Godard, Saura ou Ferreri, elle est le plus vif témoignage de ce à quoi ressemblerait une Marilyn sexagénaire. Elle est à l’honneur de la nuit du 17e Festival du cinéma allemand, à Paris le 12 octobre, au cinéma l’Arlequin.
publié le 8 octobre 2012 à 20h26
(mis à jour le 11 octobre 2012 à 10h28)
La première image ?

J’ai trois ans, je monte et je descends sans cesse l’escalier d’un train de réfugiés parti de la frontière polonaise et tombé en panne au milieu d’une plaine bavaroise, dont l’un des wagons arrêté sert de refuge et domicile à ma famille.

Le film (ou la séquence) qui a traumatisé votre enfance ?

Une scène d’un film avec Christine Kaufmann, ballerine enfant-star et future épouse de Tony Curtis, où elle danse avec un clou dans sa chaussure qui fait couler un rouge sang sur ses chaussons. J’avais rêvé de devenir danseuse, c’est là que j’ai compris que l’art doit être douloureux - même si je ne le pense plus aujourd’hui.

Le film que vos parents vous ont empêché de voir ?

Aucun. On n’avait pas l’argent pour aller au cinéma. Les films, pour moi, c’était regarder la rue par la fenêtre.

Une scène fétiche ou qui vous hante ?

Dans Rashômon, une femme spirite habitée par un spectre parle avec une voix d'homme. Dans La Donna Scimmia, de Ferreri, Annie Girardot, que j'adore, cache son visage car elle a une barbe. Ugo Tognazzi la gronde : «Ne te cache pas, ne pleure pas, les singes ne pleurent pas !»

Vous dirigez un remake. Lequel ?

Une histoire de vent, de Joris Ivens. J'aime cette idée de partir, au dernier stade de sa vie, à la rencontre de quelque chose de plus grand que soi. Le remake est impossible, mais je voudrais m'en inspirer.

Le film que vous avez le plus vu (à la télé ou en salle) ?

Une histoire de vent, justement, car je le montre souvent pour qu'il soit mieux connu.

La bande originale qui vous trotte dans la tête ?

Tatatatatata… Les musiques de Nino Rota pour Fellini.

Qui ou qu’est-ce qui vous fait rire ?

Tati, Chaplin, Laurel et Hardy… Buster Keaton ne m’a pas tant fait rire, mais c’est lui qui m’a le plus touchée et qui m’a donné envie de réaliser des court